Darkmoon
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Dans un monde partagé entre vampires et humains. L'avenir n'est qu'une question du destin...
 
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 Joakim Vilpury

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Nadjia
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MessageSujet: Joakim Vilpury   Joakim Vilpury Icon_minitimeVen 18 Mai - 12:57

*Non, ce n'est pas un poème, mais bel et bien une histoire ! Une nouvelle, pour être précise, une nouvelle de 5 chapitres pour un concour d'écriture appelé le Prix Clara auquel j'ai participé ! Excusez-moi par contre pour les fautes d'orthographes ^^" quand j'écris je ne fais pas toujours attention à cela !*

Joakim Vilpury


Chapitre 1 :


La mission


Je marche en silence dans le Couloir de la Mort. Quel nom stupide ! Des squelettes étaient cloués en murs de pierre moisie par le mousse certes ! Mais tout de même, ils auraient pu prendre un autre nom. Le sol, fait de pierre lui aussi, était glissant, froid, et humide. Il y avait même des flaques ! Mais c’est peut-être parce qu’on était sous l’océan… Je soupire. J’arrive dans une alcôve. La mienne. Une ouverture en haut à droite me permettait d’avoir de l’air, mais seulement quand je commence à suffoquer. Comment ? Grâce au Maître du Jeu. Un tapi de paille mouillé et sale était rassemblé dans un coin. Mon lit. Une bougie éclairait faiblement l’espace, posée à même le sol, au milieu de cette « pièce ». Je me demande comment elle fait pour rester allumer avec le peu d’air qu’il y avait… Bah, c’est grâce au Maître du Jeu.

Je m’appelle Joakim Vilpury. Un nom vieux comme le monde, mais c’est mon nom. Je crois que je vais bientôt atteindre la barre des 19 ans. Une première dans la Hihana ! Je vais vous conter mon histoire qui n’est pas rose du tout…

Je suis née dans une famille pauvre, qui ne possédait même pas de maison. Donc, en fait, je suis né dans la rue. C’est triste à dire mais, je ne me souviens même plus de mes parents ! A vrai dire, même si je suis né de la rue, j’ai été élevé dans ce qu’on appel la Hihana, un endroit sous terre où était rassemblé des enfants pour y être entrainé au combat, puis envoyé à une mission suicide. Le tout filmé et rediffusé sur les écrans des riches. Cela les faisait rire, de voir un enfant de 5 ans se faire cribler de balle jusqu’à avoir le corps en lambeau.

Mes parents m’ont donné à la Ji-Ano, une organisation qui cherche et recrute les « élus », ceux qui seront entrainé pour l’Etat. D’ailleurs, on nous rabâchait les oreilles en nous disant que les missions faisaient grandir le monde, et que, sans nous, nos familles seraient mortes. Mais, à quoi bon combattre pour sa famille, alors qu’on ne la connaît même pas ? Alors qu’elle nous a donné sans remords, pour un peu de Ziéno ? Cela me dépassait. Le Ziéno était la monnaie des riches. Très recherchée par les pauvres. J’en avais marre, je voulais voir le monde, voir le visage de ma mère et de mon père. Je veux savoir ce qu’était le soleil, et la lune, déguster des plats qu’on appel exotiques, découvrir les vices, les us et coutumes de chaque peuple, rencontrer l’amour et peut-être, un jour, fonder une famille… Quel beau rêve !

A peine né, et déjà dans la Hihana. Même les recruteurs ont été surpris. Cela n’arrivait pas souvent, et j’étais le seul depuis un siècle, je crois. Le Maître du Jeu avait alors fabriqué une Pouponnière avec des Syldanes. Des êtres faits de pièces mécaniques à forme humaine. Pour les faire bouger, rien de mieux qu’une âme de défunt, rempli d’énergie psychique très recherché pour faire des expériences en tout genre. J’ai été élevé là-bas. Puis, à l’âge de 5 ans, j’ai eus ma première mission. A moi tout seul, je devais détruire un camp de résistance. Ce que j’ai fait. A l’âge de 10 ans, je devais détruire tout une ville de riche, qui devait faire plusieurs millier de kilomètres, ce que j’ai fais. A l’âge de 15 ans, je devais « devenir un homme », ce que j’ai fais. Comment ? Ah !

Je ris tout seul dans mon alcôve. Je parle tout le temps du Maître du Jeu, mais je n’explique jamais qui c’est. Eh bien, personne ne sait. Lorsqu’on reçoit une mission, on nous présente tous devant lui, mais il est toujours dans une alcôve à rideaux noir, alors on ne peut pas le voir. Un homme difforme se tiens toujours à côté de l’alcôve, qui est pourtant à plusieurs mètres du sol, pour répéter les ordres du Maître. C’est lui qui choisi qui va faire quoi. Il a tout pouvoir, personne ne peut se rebeller, personne ne peut contester, car il possède la Nehavi, plus connu sous le nom de Pouvoir. Il est le seul, depuis le commencement de ce monde, à posséder le Nehavi. Il contrôle le feu, l’air (d’où le fait que l’homme difforme flotte dans l’air), et la terre (d’où le fait qu’on est sous l’océan). En plus de tout ça, il a l’éternelle jeunesse. Bref, l’homme parfait.

Un appel. Une corne de combat, comme ils disent, appelle les enfants à la Grande Cour. Je me lève et cours. Le Maître n’aimait pas les retards. Je glissais souvent dans mon jeune âge, je tombais souvent, et j’arrivais souvent à la Grande Cour couvert de sang. Le Maître me prenait alors pour un incapable et me donnait toutes les missions qu’il souhaitait. Maintenant, je cours, évite les pièges, le Maître étant un sadique, pousse les autres et arrive le premier devant l’alcôve tant redoutée. Je m’incline comme j’ai appris à le faire, et attends les autres. Ils arrivèrent peu de temps après, totalement déboussolés, et s’inclinèrent gauchement. Je me riais d’eux intérieurement. Je leur étais supérieur en tout, le nombre de missions, le nombre de réussites, l’âge, et les faveurs du Maître.

- Relevez-vous, tonna-t-il, mécontent, par l’intermédiaire de sa créature.

Nous nous exécutons d’un même mouvement, le regard froid, déterminé. Il rit, d’un rire tonitruant, raisonnant, et froid. Un silence s’ensuivit. Pesant le pour et le contre, le Maître réfléchissait. Je vis du coin de l’œil des sueurs coulaient des fronts des plus jeunes que moi, des poings s’ouvrir et se refermer, anxieux. Moi, je souris, totalement sûr de moi. C’est là que mon sang se glaça. Quand le doigt crochu de l’homme difforme se pointa sur moi.

Généralement, lorsque le Maître vous choisissait pour une mission, c’est qu’il ne veut plus de vous. J’avais perdu les faveurs du Maître. Les gens du Ji-Ano me prirent par les deux bras et m’entrainèrent dans le Couloir de la Mort, en direction de la salle d’arme. Là, ils me posèrent sans ménagement sur une chaise.

- Comment ça va depuis la dernière fois petit ? me demanda le chef de l’escouade, Garnahe.

C’était lui qui, à chaque élu, fournissait en arme, et expliquait la mission. Je ne lui répondis pas. Cela allait faire bientôt 4 ans qu’on ne s’était pas vu, et pendant un instant, j’ai espéré ne jamais le revoir. Il sourit, l’air mauvais. Il se retourna, prit une longue épée, grosse comme mon bras musclé, affutée comme un rasoir. Il me la donna avec son fourreau. Je l’accroche à ma ceinture, puis le regarde froidement. Son sourire s’agrandit.

- Ta mission est de retrouver une fugitive. Tu la ramèneras dans un mois devant le Maître du Jeu, où elle recevra son châtiment.

Je hoche la tête. C’était ça la mission ? Retrouver une femme ? Je ris intérieurement. Je n’avais pas perdu les faveurs du Maître. Il avait tellement confiance en moi qu’il m’a donné une mission simple où je ressortirai vainqueur à coup sur. Vêtue d’un débardeur noir, d’un pantalon en cuir noir, de bottes en cuir noir, et d’une épée, j’étais fin prêt à partir. Garnahe me tapa virilement dans l’épaule, mais je ne réagis toujours pas. Je me préparais mentalement. Il me tendit un papier. Là, il y avait noté plusieurs choses : une description détaillée de moi, le jour de ma naissance, le jour de mon arrivée, mon nom et les missions (jour, délai, objectif(s), réussite ?). Apparemment, j’avais les yeux verts vif en amande, des cheveux bruns qui ondulaient, un nez aquilin, une bouche fine, et une peau blanche comme de la neige. Je ne savais pas ce qu’était la neige, encore moi ce qu’était le vert. Les seules couleurs que j’avais vu et reconnu étaient le noir, le blanc, le marron, le gris. Il me tendit une nouvelle fiche. C’était la description détaillée de la fugitive : les cheveux dorés très long bouclés, elle les portait généralement en queue de cheval d’après le texte. Elle avait les yeux vairons, c’est-à-dire qu’elle a un œil ambre, et l’autre bleu ciel. Un visage fin, un nez fin, elle court vite, elle est futée, sournoise, combative et intelligente. Pas de photo, donc je ne savais pas à quoi elle ressemblait vraiment, ne connaissant pas toutes ces couleurs. Je lui rends les fiches et il me fit signe de partir. D’autres membres de la Ji-Ano m’accompagnèrent dans le Couloir de la Mort jusqu’au sas. C’est une espèce d’ascenseur qui monte vers l’extérieur, mais dans des endroits différents à chaque voyage, en fonction de la mission.

Debout devant la porte, j’attendis que mes gardes donnent le code de la mission, en faisant en sorte que je ne l’entende pas. Là, les portes s’ouvrirent lentement et silencieusement. Ils me poussèrent à l’intérieur et les portes se refermèrent. Respirant en bon coup, je m’accroche aux barres pendant que l’ascenseur m’emmène vers une destination inconnue.
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MessageSujet: Re: Joakim Vilpury   Joakim Vilpury Icon_minitimeVen 18 Mai - 13:01

Chapitre 2 :


Une mort méritée


Les portes s’ouvrent enfin sur une belle nuit sans lune, comme toujours. C’était la première fois qu’on me donnait un délai aussi long… Peut-être verrai-je enfin la lune ?! D’après les informations que la Ji-Ano a bien voulu me fournir, on était en hiver, d’où le fait qu’on ne voyait pas les étoiles… Comme toujours ! Le Maître du Jeu faisait toujours en sorte qu’on ne puisse découvrir quelques merveilles qui nous pousseraient vers l’aventure. Je regarde autour de moi. Un paysage désolé s’offrait à mes yeux froids. La terre où aucune herbe ne poussait était craquelée. Pas une seule habitation sur des kilomètres. Je mis longtemps à comprendre que c’était l’ancienne ville de riche que j’avais dû détruire pour le compte de mes « supérieurs ».

- Pourquoi une fugitive se trouverait-elle dans un terrain aussi découvert ?!

Une question qui aura bientôt sa réponse. Je sors de l’ascenseur et marche d’un pas militaire et léger vers l’ouest. La cabine redescend, et il n’existait maintenant plus aucune trace de son existence. Dans la Hihana, j’avais appris à marcher vite, droit, tout en ne faisant aucune trace de pas dans mon sillage. Pratique comme technique !

Je marchais maintenant depuis 2 heures. J’avais l’impression de n’avoir parcouru que peu d’espace car la terre dépourvue de végétaux n’en finissait pas de s’étaler vers l’horizon. La seule trace de mon avancement était les montagnes qui se profilaient sur ma droite. Je change de cap. Le soleil allait bientôt se lever. Je finis par courir sans faire de trace, rapide, jusqu’à atteindre, une heure plus tard le début de la montagne. L’air étouffant se glaça peu à peu. Ayant été habitué au peu d’air et à la faible clarté des sous-sols, je ne pouvais me permettre d’être en contact avec le soleil, et il fallait que j’évite le plus possible de trop m’essouffler. Je gravis les rochers jusqu’à trouver une grotte, à plusieurs kilomètres du sol. Je m’y engouffre et m’enfonce profondément dans ses entrailles. Quand la sortie ne fut plus qu’un point lumineux, je m’arrête et m’assois pour reprendre mon souffle. Cela me faisait la même chose à chaque fois que je sortais de la Hihana. J’étais rentré juste avant que le soleil ne pointait ses premiers rayons nocifs. Rapide et méthodique. Voilà ce que j’ai appris à faire. Je n’avais pas besoin de me nourrir pendant un bon bout de temps donc cela ne sera pas un problème. Mes yeux, habitués à l’obscurité, voyait comme en plein jour dans la caverne. C’est comme cela que j’ai trouvé une femme, accroupit dans un coin, à dormir paisiblement, appuyée sur le mur de pierre. Ne sachant pas comment était physiquement ma fugitive, et ne connaissant pas son nom, je ne pouvais pas savoir si je la tenais enfin. Je m’approche d’elle à petit pas et lui touche le bras. Elle sursaute violemment et me repousse brutalement avant de détaler vers la sortie. Je la prends en chasse, l’attrape par la taille et la ramène plus profondément dans les dédales de pierre. Elle se débat comme une tigresse, me mord, me griffe, me frappe. Rien n’y fait, je la tiens, un point c’est tout. Quand elle se calma enfin, je la pose par terre sans douceur. Elle me regarde avec une grimace de dégout et me cracha au visage. M’essuyant l’œil de ma main gauche, je la frappe au visage de la main droite. Elle s’étale par terre, me fauche les jambes. Pris au dépourvu, je tombe à l’opposé d’elle. La femme se releva rapidement et silencieusement, s’assit-en califourchon sur moi et m’enserre le cou de ses petites mains douces. S’il n’en tenait qu’à elle, je serais déjà mort. Je sus, à sa posture, à sa force, qu’il ne lui aurait fallut qu’une seule seconde pour me boucher les artères et ma trachée. Ainsi, je n’aurai plus d’air et plus de sang pour approvisionner mon cerveau qui m’ordonnera de mourir.

- Qui es-tu ? demanda-t-elle avec autorité et en détachant les mots.
- Un envoyé du roi pour vous conduire en lieu sûr.

Le mensonge m’était venu tout seul, comme évident. Elle me regarde longuement, et je pus sentir sa prise autour de mon cou se desserrer légèrement.

- Pourquoi mon père engagerait un mercenaire ?

Sans le vouloir, elle m’avait donné plus d’une explication. Pourquoi le Maître du Jeu considéré la Haute Princesse comme une fugitive ?

- Je dis juste la vérité. J’ai été tellement isolé que je ne sais depuis combien de temps je vous cherche, et je n’ai pas eus connaissance des nouvelles du monde extérieur.

Je suis le meilleur en ce qui concerne les mensonges. Mes yeux offraient un cri de vérité pour mes victimes qui finissent par me faire confiance aveuglément. Mais pas cette fois. Elle me frappa de ses poings plusieurs fois, et, rageur, je les lui prends dans chacune de mes mains et écarte ses bras de son corps. Puis, nous roulâmes par terre et je me retrouve assis au-dessus d’elle. Elle se débattit mais je lui tenais fermement les poignets et mes jambes bloquaient les siennes.

- Que me voulez-vous à la fin ?!
- Je viens de vous le dire ! Je veux vous ramener auprès de votre père !
- C’est mon père qui m’a incarcéré dans la prison la plus horrible du continent, et maintenant que je me suis échappée, vous allez me faire croire qu’il s’inquiète pour moi et me veut auprès de lui ?!

Elle se débattit plus violemment. Mon mensonge tombait à l’eau, mais j’ai encore les moyens de le sauver. Je serre un peu plus fortement les poignets de la Haute Princesse et avance mon visage du sien jusqu’à ce que nos souffles se mélangent et que nos nez se touchent.

- Calmez-vous votre Altesse. Je ne suis qu’un mercenaire, oui, mais qui a été coupé du monde durant de longues années. J’ai reçu cette mission avec pour explication ce que je vous ai dis. Je ne savais pas que vous étiez allée en prison, ni même que vous vous étiez échappée. Pardonnez mon indélicatesse.

Elle me fusilla du regard pendant un long moment, mais je pus sentir son corps se détendre petit à petit.

- Promettez de ne pas me livrer au Roi, mon père.
- Je le jure sur ma vie.

Pour lui montrer que je ne lui voulais aucun mal, je lâche ses poignets et me recule de quelques pas pour lui laisser de l’espace. Elle me regarde de nouveau, légèrement surprise.

- Vous venez de la Hihana, n’est-ce pas ?
- Oui.
- Mon père a dû vous donné comme mission de me retrouver, n’est-ce pas ?
- En quelque sorte.

Elle ne dit plus rien, et je baisse la tête. Cette femme m’intimidée. C’était la première fois que je côtoyais une personne de mon âge, une femme qui plus est. Elle eut un petit sourire et s’approcha.

- J’ai entendu dire que les élus y étaient entrainés dès l’âge de l’enfance.
- Oui, mais il privilégie les enfants de 3-4ans, plutôt que ceux qui n’ont que quelques heures.
- J’ai entendu parler de vous.
- Vraiment.
- L’enfant prodige de la Hihana. Qui ne vous connaitrez pas ! Les gens tremblent en entendant votre nom, Joakim. Vous ne l’avez jamais dis à personne n’est-ce pas ?
- De quoi parlez-vous ? Je ne vous suis plus.
- Du Nehavi. Je suis sûre que vous le détenez.

J’en restais bouche bée. Personne, même pas le Maître, n’avait encore découvert mon Pouvoir, qui était pourtant voyant.

- Vous possédez le Nehavi de destruction, n’est-ce pas ?

Je hoche la tête. C’était pour le moment, le seul pouvoir que je m’étais découvert. Elle me regarde intensément maintenant. Pourquoi est-ce que ces yeux brillaient ? Une larme coula au coin de son œil gauche. Je la regarde couler doucement sur la peau blanche et parfaite de la Princesse et la cueillis dans ma main quand elle tomba. Jamais je n’avais vu quelqu’un pleurer ! Moi-même, aucune larme n’ai jamais sortit de mon corps. Elle connaissait mon secret le plus cher, et je lui ai promis de ne pas la livrer à son père. Mais le Maître du Jeu n’était pas son père non ?

- Les questions se lisent dans vos yeux innocents… On ne vous a pas apprit à rester en tout temps impassible ?

Je hoche la tête. Il est vrai qu’en présence de cette femme, je me sentais nu, découvert. J’avais l’impression qu’il ne lui suffisait que d’un regard pour tout connaître de moi, pour me rendre vulnérable. J’essaye de parler mais aucun son ne sort de ma bouche ouverte. Je contemple son visage et même si je ne connaissais pas les couleurs parfaitement, même si je n’ai rencontré qu’une seule femme dans ma vie, je trouvais qu’elle était la plus belle femme au monde. Elle sourit.

- Tout ce que vous pensez se reflète dans vos yeux !
- C’est parce que vous m’avez percé à jour.
- Alors, à toutes les personnes qui connaîtront votre Nehavi, vous leur donnerez la moindre de vos pensées ?
- Non, pas à toute…

Pas au Maître… pensai-je tristement. Elle me regarda longuement avant de détourner les yeux vers la sortie. Ne voulant pas la laisser sortir avant d’avoir un peu plus d’information, je lui pris le bras et la regarde, de nouveau impassible.

- Pourquoi vous êtes-vous abritée dans un endroit aussi découvert et inhospitalier alors que vous êtes en fuite ?

Elle me regarda, interloquée, puis je vis passer un instant d’hésitation. Elle se dégagea de moi et fit quelques pas en direction de la sortie. Je me préparais déjà à la courser si elle tentait encore de s’échapper.

- Vous vous demandez sûrement pourquoi mon père m’a envoyé en prison …

Il est vrai que cette question m’avait traversé l’esprit, mais j’en avais tellement d’autres que je l’ai tout simplement mis de côté.

- Car je suis une Naylio.

J’en restais bouche bée… Une Naylio se tenait devant moi ! Ces êtres supérieurs, enfant des Garyalis, les êtres originels qui possédaient tous le Nehavi. On m’a dit qu’ils s’étaient tous éteint, mais qu’un groupe de Garyalis s’était réfugié dans au Pôle Nord, et que depuis, pour perpétuer leur race, ils avaient voulu crée des enfants avec les humains normaux. Seulement, la puissance de ses enfants était tellement impressionnante que la race humaine, avide de pouvoir, les ont torturés et décimés car elle ne supportait pas qu’un autre être différent leur soit supérieur. La Haute Princesse me regarda froidement.

- Cela doit vous causé un choc terrible, je le sais. Seulement, en tant que Naylio, j’ai pour devoir d’anéantir les détenteurs de Nehavi. Cette mission m’a été attribuée à ma naissance par les Garyalis eux-mêmes. Mon père n’a pas accepté cela. Je suis restée enfermée durant des années, seule dans ma chambre. Grâce à ma mère, j’ai sus me battre et contrôler une partie de mes pouvoirs. Quand mon père apprit cela, il tua de sang froid ma mère et m’enchaina, car il connaissait mon point faible. Un autre Naylio qui était censé être mon prétendant me sauva et mourut dans cet acte.

Je ne réagis pas tout de suite. Assimilant difficilement toutes ces révélations.

- Mais… Pourquoi tuer les détenteurs de Nehavi ?!
- Car ce sont eux qui ont osé s’en prendre aux Garyalis et ont fait éteindre petit à petit cette race magnifique ! C’est à partir de là que ma race fut crée, seulement dans le but de sauver et protéger les Garyalis.

Je secoue la tête obstinément.

- Et si je n’étais pas comme cela ?
- Si, tu l’ais. Sais-tu pourquoi ?! Car dans ton sang d’humain tu as hérité de cette même avarice et avidité.
- C’est faux !

J’en étais révolté. Elle ne me connaissait même pas, et elle pensait déjà tout savoir de mes intentions.

- Crois-tu que j’ai voulu de cette vie là ?! Je n’ai connu que l’enfer de la Hihana, la peur du courroux du Maître du Jeu, les missions à accomplir qui sont censées te faire mourir. Je n’ai pas connu mes parents, je ne sais pas ce que veux dire le mot bleu, ou encore jaune. Je rêve de pouvoir découvrir ce monde dehors qui m’attends, je rêve de pouvoir me venger du Maître du Jeu, je rêve d’avoir un avenir comme les autres, d’être comme les autres ! J’ai connu beaucoup de gens, j’ai vu beaucoup de chose. Les premières couleurs que j’ai appris sont le noir et le rouge ! Crois-tu que c’est une vie ça ?! Crois-tu que c’est humain de faire combattre un enfant ?!

J’étais devenu rouge de colère, les poings fermés, je m’avançais lentement vers elle. La Naylio resta aussi froide qu’au moment où elle m’a révélé ses intentions. Mais, pourquoi je reste ici ?! Elle veut me tuer ! C’est d’ailleurs ce qui se passa. Pendant ce court moment où je m’étais arrêté de parler, arrêté de marcher, elle me planta un couteau dans le cœur. Je n’avais rien vu venir. J’étais là, la bouche grande ouverte, à regarder cette dague enfoncée profondément dans mon cœur, à regarder tout ce sang giclé, sortir, inévitablement de moi. Je la regarde de nouveau. Je tombe au ralentis (enfin, c’est se dont j’ai l’impression). Là, d’abord sur les genoux, puis je glisse sur le côté. Je vois le plafond noir, constellé de stalactique. Je n’avais jamais ressentis une douleur semblable… A si ! Quand j’ai découvert et utilisé en même temps mon Nehavi, à l’âge de 5 ans. Je sentais cette même douleur au cœur, je sentais cette même odeur de sang, je voyais cette même couleur qu’est le rouge vif, étincelant, merveilleux. C’était la première fois, à 5 ans, que je voyais quelque chose d’aussi lumineux… Ma vue se brouille lentement. Je distinguais encore quelques contours, dont celles d’une personne penchait sur moi. Je sentis la lame froide du poignard se retirer rapidement de mon cœur. J’entends un cliquetis… Elle a dut le jeter un peu plus loin… Je n’arrive même plus à penser correctement… La dernière chose que je sentis avant de plonger dans ce puits sans fond de ténèbres noires fut une main fraîche et douce se poser sur mon front.
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MessageSujet: Re: Joakim Vilpury   Joakim Vilpury Icon_minitimeVen 18 Mai - 13:05

Chapitre 3 :

Vers la liberté

J’ai mal… Pourquoi ai-je toujours mal ? Je me souviens mettre évanoui pendant que cette femme retirait sa dague. Elle ne devait pas en avoir des tonnes pour vouloir reprendre celle qui m’avait tué. J’ai froid… Mais pourquoi ai-je froid si je suis mort ? Et pourquoi ai-je l’impression de flotter dans un… liquide… Pourquoi un liquide ? Je ne suis pas dans un bain, ni même dans l’océan. Je me demande à quoi ressemble l’océan… On m’a dit que c’était un grand espace plein d’eau salée et agitée par le vent. Le vent… J’ai l’impression d’avoir un courant d’air frais sur mon visage. Mais où suis-je ? J’ai froid, mal, je ressens des choses que je ne devrais pas ressentir, étant mort. Cette dague avait pourtant bel et bien embroché mon cœur non ? Un spasme. Je me tords dans tout les sens. Je sens mon visage se contracter, et mon corps sous mes doigts. J’étais nu apparemment, nu comme un ver. J’ai toujours cette impression de flotter dans un liquide… Mais je devrais me noyer si j’étais sous l’eau ! Un autre spasme. J’ouvre la bouche et je sentis une main fraiche et douce s’y mettre. Puis une voix… Une voix que j’avais déjà entendu, mais mon esprit était encore trop confus pour la reconnaître tout de suite…

- Ne bouge plus… Tu risques d’aggraver ton cas.

Ca y est ! Je m’en souviens de cette voix ! C’est celle de la Haute Princesse ! Les souvenirs de mes derniers instants refirent surface, net, clair et précis. J’ouvris les yeux. Lentement, comme au prix d’un grand effort. J’avais l’impression que mes paupières étaient aussi lourdes que du ciment ! Quand ils furent totalement ouverts, je pus constater que j’étais bel et bien dans l’eau… Mais que je respirais sans peine ! La panique me prit et je me tortillais pour sortir de cette bulle d’eau quand je vis à côté de moi, la Haute Princesse, les yeux froids, les cheveux flottant tout autour de sa tête, une main posée sur mon torse.

- Quel mot ne comprends-tu pas dans la phrase « ne bouge plus » ?
- Tout. Ne pas bouger ne fais pas partit de mon enseignement.
- Ton enseignement ?! répéta-t-elle avec mépris mêlé d’ironie.

Je fronçais les sourcils… et remarquais enfin que j’étais effectivement nu. Rougissant, oubliant la pique que la Princesse m’avait lancé, je me couvris mon entre-jambe de ma main et fusillais la jeune fille du regard. Celle-ci sourit avant de sortir de l’eau gracieusement. Elle ne semblait même pas mouillée ! Je sentis un tremblement… Et la bulle d’eau explosa, me laissant dans le vide. Surpris, je ne réagis pas tout de suite quand je touchais le sol avec rudesse. Seulement, moi, j’étais mouillé ! La Princesse me lança des vêtements, c’étaient les même que ceux que j’avais tout à l’heure, avant qu’elle ne me tue… Alors que cette pensée passait dans ma tête, j’affichais une mine surprise.

- Pourquoi ne suis-je pas mort ?

Elle me lança un regard dégouté avant de se tourner pour me laisser me rhabiller. M’avait-elle laissé la vie sauve simplement par pitié ou avait-elle plus besoin de moi qu’elle ne le prétendait ?

- Tu n’es pas le premier détenteur du Nehavi que je croise, mais tu es le premier à qui je laisse la vie.
- Pourquoi ?

Elle ne répondit pas, toujours le dos tourné. Agacé, je me relève et me dirige vers elle. Là, je lui prends le bras et l’oblige à me faire face rapidement… Tellement rapidement que je me pris une claque. Je vis rouge et la repousse contre le mur de pierre. Elle gémit et sort une dague. Elle s’avance rapidement vers moi et je tendis la main vers elle dans l’intention de lui faire exploser son bras, mais rien ne vint. Surpris, je me laisse faire quand elle me plaqua contre le mur opposé, une dague dans mon cou.
- Vois-tu cette dague ?

Elle l’enleva de mon cou et mit la pointe proche de mon œil. Si je bougeais, elle me le plantait.

- Elle n’est pas ordinaire, dis-je après l’avoir examiner du coin de l’œil.
- Exact. Elle a été conçut par mes ancêtres, les Garyalis. Ils avaient tous cette particularité de toujours s’en sortir lorsqu’une arme normale les transperce de part en part, et ils découvrirent que grâce à leur Nehavi en constante augmentation, ils ne mourraient jamais de ces armes. Alors, bien évidement, comme dans tout peuple, il y avait des tensions entre eux, et un inventeur de génie construisit une dague capable d’annuler les pouvoirs de ses adversaires si jamais on la lui plantait en plein cœur. Cela ne tut pas, non. Après avoir planté cette dague, il faut soit la replanter, sous planter une arme normale, banale, d’humain. Ils ont commencés à s’entre-tuer pour détenir cette arme que je tiens dans ma main, alors l’inventeur la donna au Roi des Garyalis, qui le donna à son fils, et ainsi de suite. Dans mon sang, il n’y a pas que celui de simple sang royal humain, mais aussi celui des Garyalis. Je devrais monter sur le trône, mais mon sang d’humain me l’interdirait. Et crois-moi, si je monte sur le trône, mon premier ordre serait de faire la guerre aux humains, ces bandes d’incapables sans cervelle qui ne pensent qu’à la richesse et aux pouvoirs absolu. Je devrais te tuer, je devrais te planter cette dague dans ton corps si peu endurent, si peu fort. Je devrais le faire pour être débarrassée de ta race stupide ! Mais je ne le ferais pas… Et tu sais pourquoi ?

Je secoue la tête, toujours aussi impassible. J’étais impatient de savoir les raisons de son acte, pourquoi m’avoir sauvé alors que j’étais gênant, que j’étais une sous-race infecte comme un virus. Je vis son regard froid se réchauffer. Elle baissa sa tête, et baissa son arme qui finit par tomber à terre. Elle semblait si fragile maintenant que son éclat meurtrier avant disparut. Mais elle ne répondait toujours pas, comme si elle redoutait de le dire, comme si elle avait peur de ce que cela impliquait. Et cela m’agaçait.

- Pourquoi ?
- Car… J’ai besoin de toi… Je ne peux plus continuer seule, je n’en peux plus d’être seule… j’ai l’impression d’être souillée avec tous ces morts qui suivent mes traces, j’ai besoin de toi pour finir ma tâche…

Elle leva la tête vers moi, suppliante, les mains accrochées à mes vêtements. Elle croyait vraiment qu’avec toutes les insultes qu’elle avait prononcées envers moi que j’allais revenir vers elle tout sourire ?! Elle est peut-être une Princesse, mais cela ne veux pas dire qu’elle a tout pouvoir. De plus, son projet de monter sur le trône pour faire la guerre était non seulement égoïste, mais en plus injuste envers son peuple, les Garyalis, qui sont en guerre depuis des années et n’aspirent qu’à une paix. Mais comment je pense moi ?! Il ait vrai que cela me touche personnellement, mais cela ne devrait pas dire que je devrais ressentir de la compassion pour ces êtres qui ont ordonnés à leurs enfants de tuer les détenteurs du Nehavi ! Mon regard se durcit. J’allais dire non quand d’autres pensées me viennent à l’esprit. Elle peut tuer le Maître du Jeu ! C’est un détenteur de Nehavi, elle aura le devoir de le tuer ! Même si tous ces nombreux pouvoirs étaient terrifiants et impressionnants… Elle aura besoin d’aide, c’est sûr… je recouvrais mon expression impassible, pendant que j’étudiais d’autres cas possibles. Elle pourrait me faire découvrir le monde ! Depuis le temps que je rêvais de pouvoir voir de mes propres yeux, découvrir, apprendre toujours plus de choses… Je soupire.

- C’est d’accord pour te fournir mon aide, mais à deux conditions.
- Je t’écoute… murmura-t-elle, les yeux soudain brillants.
- Le Maître du Jeu est un détenteur de Nehavi. Je veux que nous le tuions ensemble.
- Qui est-il ?
- Celui qui dirige la Hihana, celui qui nous donne des missions, celui qui a tous pouvoirs. Il est terrifiant, il possède beaucoup de Nehavi, dont j’ai l’impression, celui de faire ployer quelqu’un sous sa volonté.
- Oh ! C’est ce qui explique qu’il t’ait envoyé à mes trousses. Il a dut avoir vent de l’apparition d’une Naylio et a voulut se débarrasser de moi avant que je ne crée des problèmes…
- C’est une bonne raison…

Elle fronça les sourcils mais ne dit rien, toujours coller à moi. Elle soupira et secoua la tête.

- S’il possède le Nehavi… Alors oui, je me dois de le tuer… Et s’il est aussi fort que tu le prétends, alors j’accepte ton aide avec plaisir. Quelle est ton autre condition ?

- Je veux découvrir le monde… Apprends-moi tout ce que tu sais, fais moi découvrir tout ce que tu as vu, entendu, mangé, parlé, tout !

Elle sourit. Elle devait sûrement penser que c’est un rêve enfantin, mais j’ai vraiment envie d’apprendre tout ça, au risque de paraître stupide.

- Je me doute que dans ta Hihana, tu n’as pas dus voir grand-chose…

Son sourire s’agrandit, puis elle se détacha de moi avant de marcher jusqu’à la sortie. Hésitant, je finis par la suivre en courant. Ce qu’elle pouvait marcher vite !

- Alors ?! demandai-je déjà essoufflé.
- C’est d’accord.

Mon cœur bondit. J’allais enfin sortir de mes habitudes, j’allais enfin pouvoir m’affranchir du Maître du Jeu, j’allais enfin être libre.
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MessageSujet: Re: Joakim Vilpury   Joakim Vilpury Icon_minitimeVen 18 Mai - 20:17

Chapitre 4 :

Complications

On marchait depuis un bon moment déjà dans ce désert aride et froid. Oui, même en plein jour, il régnait un froid mordant, dangereux. Elle marche à côté de moi, je l’étudie du coin de l’œil. Elle connait mon nom, mais je ne connais pas le sien. De plus, comment avait-elle put parler sous l’eau ?! Et comment moi j’ai pu en faire de même ? Je me connaissais détenteur de la Destruction, mais pas de l’Eau… Alors, le fait qu’elle soit une Naylio me revint, et je fis taire mes interrogations. C’était sûrement grâce à elle. Je reporte mon attention devant nous. Nous avions passé déjà depuis longtemps l’endroit où j’étais apparu, et quelque chose me dit que je n’étais pas apparu ici par hasard : le fait que je retrouve la Princesse du premier coup (bien que je n’avais pas encore commencé à chercher), et aussi le fait que le délai est plus long que d’habitude m’intriguait… Si on m’avait envoyé là où s’était réfugié la Princesse, pourquoi avoir imposé autant de temps alors qu’il ne m’a suffit que de quelques instants pour la prendre ?! C’est vrai, j’aurai pu jouer un rôle, faire semblant d’être avec elle, et l’emmener à la Hihana où le Maître du Jeu la tuera en bonne et du forme. Mais étais-je vraiment de son côté ? Et si le Maître du Jeu avait vraiment le Nehavi de la Pensée, peut-être fais-je cela pour justement l’emmener à un piège ! Penser me donnait mal à la tête… Tout était si compliqué désormais ! Vous vous demandez peut-être comment nous allons rentrer dans la Hihana ?! C’est très simple, il y a, dissimulé partout dans le monde, des portes, des portails, permettant d’aller directement sous terre. C’est différent de l’ascenseur qui m’a amené à la surface, et extrêmement intrigant. Je chasse toutes ses pensées de mon esprit. Se concentrer sur la marche, c’est cela le plus urgent, car le prochain portail ne se trouve qu’à plusieurs kilomètres d’ici, dans une grande ville, caché dans un casino immense. Difficile de le retrouver parmi toutes ses portes ! De plus, à chaque portail, il y a un gardien qui fera tout pour ne pas que les personnes n’entrent dans la Hihana, que ce soit moi ou une personne banale qui ne se doute de rien. Si nous allons dans un casino, la meilleure façon de nous détourner de la porte, c’est l’alcool, les jeux, la musique, les femmes. Cette dernière option sera facilement contournable pour moi. Arrêter de penser, marcher. C’était tout ce qu’il y avait à faire pour le moment.

La nuit tombe, nous marchons encore. Je m’étais rapidement fait à la grande quantité d’air, à la morsure du soleil, à la froideur du temps, plus rapidement que je ne le pensais… La Naylio devait y être pour quelque chose… Nous ne nous parlions plus, chacun occupé à penser, à regarder devant soi, silencieux et rapide comme des ombres. Nous marchons. La lune commence déjà son ascension au sommet. Je la regarde par-dessus les nuages blancs. On peut apercevoir quelques faces, des rayons lumineux… Fascinant ! Je n’avais encore jamais vu la lune, et ce petit aperçu a titillé ma curiosité… Je voudrais la voir en entière, pleine et lumineuse, je voudrais voir à quel point la lune peut être magnifique et faire rêver les plus rêveurs, les plus lunatiques. Le nez au ciel, j’observe attentivement son ascension… Quand j’attendis un rire. Je me retourne vivement vers la provenance de ce son cristallin et m’aperçois que ce n’était que la Haute Princesse qui se moquait de moi.

- Vous ne devriez pas rire de la sorte…
- Oh si ! Au contraire ! Vous avez un air enfantin tout à fait adorable.
- Je ne suis pas adorable.
- C’est sûr que votre caractère ne va pas avec ce que vous laissez transparaître.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Laissez tomber…

Elle redevint sérieuse et regarda la route. Haussant les épaules, je fis de même. C’était la première fois que j’entendais quelqu’un rire, que je voyais quelqu’un rire… Elle avait l’air d’être heureuse… Mais je ne sais même pas ce que cela voulait dire ! Je soupire. Cela ne sert à rien de continuer à se torturer intérieurement, marcher, c’est mieux.

Nous marchons jour et nuit, sans relâche, mais la fatigue commence à se faire sentir en nous deux, ainsi que la faim, et la soif. Cela fait près d’une semaine ! Pour la première fois, je ressens vraiment ce que c’est que la faim…

- Arrêtons-nous pour la nuit, proposai-je.
- Non… Nous sommes bientôt arriver à la ville, je le sens…
- Non mais regardez-vous ! Vous êtes fatiguée, arrêtez de mentir.
- Je n’ai jamais dis que je ne l’étais pas, c’est juste que je veux en finir rapidement.
- Et moi donc… murmurai-je plus pour moi-même que pour elle.

Nous nous taisons. Nous marchons. Ainsi, elle avait finit par me convaincre de continuer à marcher, et nous marchons, encore et toujours, dans ce désert qui n’en finissait pas de se profiler à l’horizon rougeâtre.

Rouge comme le sang…

Je me réveille en sursaut. Je m’étais endormi ?! Mais quand ? Et où ? Suis-je encore dans le désert ? Où dans la Hihana ? Tout ceci n’était qu’un rêve tout compte fait ? Je sens un lit sous moi… Mais pas un lit de paille, un lit dur mais doux… Mais où suis-je ?! Je n’arrive pas à ouvrir les yeux… J’ai l’impression qu’on me les a cousu avec du fil de cuir… Peut-être était-ce vrai !? Etre aveugle ne m’enchante guère, mais on m’a apprit à utiliser tous mes autres sens si jamais un venait à me faire défaut. Je me touche le front de ma main gauche. Je la passe sur mes yeux… Il y a en effet quelque chose dessus. Mais que c’est-il passé durant mon absence ?! J’entends des voix… Des voix assourdis… Elle parvenait difficilement à mes oreilles… Ah non ! Pas sourd ! Je veux bien aveugle, mais pas sourd ET aveugle… Les voix se rapprochent… Je gémis pour essayer d’attirer leur attention, et elles se turent. Une main se posa sur mes yeux, une autre enleva ma main. Une main douce et fraiche… La Haute Princesse ! Je n’étais pas rassuré quand même… Et si elle m’avait tendu un piège ?

- Joakim.

Elle m’appelle d’une voix douce, hésitante… J’ai l’impression de m’enfoncer encore plus dans cet abîme de Ténèbres…

- Joakim ?

Pourquoi m’appelle-t-elle ?! J’ai encore plus l’impression d’être tiré par le fond… Je perds connaissance.

Ramènes-la moi… Vivante…

Je me réveille en poussant un cri et en me redressant. C’était la voix du Maître ! Alors il possède bien le Nehavi de la Pensée… Il me contrôle depuis le début ! J’entends quelqu’un sursauter à côté de moi et un frottement.

- Joakim, recouches-toi.
- Que m’as-tu fais ?! dis-je d’une voix affolée tandis que je tentais encore d’ouvrir les yeux.
- Calmes-toi.
- Non !

Je me débats quand elle posa une main sur mon torse nu. Je la pousse et l’entends s’étaler à terre. Je sors de ce lit et fais quelques pas dans la pièce, vacillant, tentant toujours, paniqué, d’ouvrir les yeux.

- Calmes-toi Joakim ! C’est pour ton bien !
- Non ! Je ne te fais pas confiance, tu m’as tuée, tu m’as piégée, et tu voudrais que je me calme ? Je ne connais même pas ton nom !
- Car tu ne me l’avais pas demandé !
- La moindre des politesses aurait été de le dire naturellement !
- Stop ! Calmes-toi et laisses-moi t’expliquer la situation !

Je me tenais à un mur, soudain à bout de force, nauséeux. Elle me prit le bras et m’obligea à m’asseoir sur le lit.

- Maintenant tu vas te calmer.

J’inspire à fond, essayant d’arrêter mes tremblements. Je suis en sueur, et j’ai le souffle court. Mais pourquoi fait-il si chaud ici ?! Elle posa quelque chose de mou, froid et mouillé sur mon front, et je su que c’était une serviette. Elle m’épongea le front, le visage, et le torse. Rafraichis, j’arrête son bras avant qu’elle n’aille plus loin et inspire de nouveau. Bientôt, je me sentis plutôt bien, pas tout à fait calme, mais assez pour résonner clairement.

- Bien… Ton Maître du Jeu… En vérité, je sais qui il est, c’était ma prochaine cible après toi. Mais en te voyant, j’ai tout de suite remarqué quelque chose d’anormale. Dans tes yeux. Le Maître du Jeu, plus connu sous le nom de Garyalis, est un renégat très puissant qui veut asservir le monde des Hommes, ainsi que tous les Garyalis. Il recrute les enfants, les entraine pour savoir s’il possède le Nehavi et s’en servir comme armée. Tu es le dernier de tous, le seul non mort, le seul de ta race. J’ai tué tous les autres, dont tes parents qui étaient eux aussi des détenteurs de Nehavi.

Elle s’arrêta, me laissant imprimer toutes ses révélations. Alors le Maître du Jeu était un Garyalis ?! Cela expliquait sa puissance et tous ces pouvoirs. Par contre, son projet d’une armée de gens comme moi me pétrifia. Alors c’était pour cela qu’il prenait des enfants à leur famille ?! Cela me fit enrager, mais je ne le montrais pas. Le passage où elle expliqua le fait qu’elle tua mes parents me laissa de glace. Je m’en fichais en fait. Ne les connaissant pas, je n’avais aucuns liens, aucuns sentiments envers eux. Ils sont morts ? Tant mieux. S’ils étaient des détenteurs de Nehavi, pourquoi donner leur enfant à un Garyalis fou voulant dominer le monde ? Cela me dépassait…

- N’oublis pas que le Maître du Jeu possède le Nehavi de la Pensée, il les a peut-être forcé.

Ca, je n’y avais pas pensé… Mais je m’en fichais aussi. Le fait est qu’ils n’ont pas été assez forts pour me protéger, pour protéger et conserver leur enfant.

- Quel rapport avec mes yeux ?
- On a dut te les… enlever.
- QUOI !?

J’en restais bouche bée… Et de plus en plus nauséeux… Ils m’ont enlevés mes yeux ?! Mais qui ça « ils », et pourquoi ? Je me sentais mal… J’avais envie de vomir, mais je me retins et grimaçais.

- C’est dur à comprendre et à expliquer, mais le Maître du Jeu utiliser le Nehavi de la Pensée grâce aux yeux, c’est comme s’il implantait ce que devait faire les gens directement dans la pupille. Pour les Naylio et les Garyalis, c’est facilement apercevable car c’est comme si on t’avait écrit quelque chose dans les yeux, comme un texte. Pour empêcher le Maître du Jeu de te contrôler, nous avons dut te les enlever.
- Alors pourquoi ai-je entendu sa voix en rêve ?
- Car c’est un… un Oni, qui voyage dans les rêves. C’est… un voyant si vous préférez, il y a plusieurs catégories de Garyalis, mais si je vous les dis tous, vous risquez de ne rien comprendre.

J’hoche la tête.

- Mais… Vous avez dis « on a du te les enlever », qui ça « ils » ?

Elle sourit.

- Les Naylio.

Ouvrant la bouche pour répondre, je ne pus émettre un seul son qu’un homme arriva dans… l’endroit où nous étions, ne pouvant pas voir. J’entendis ses pas dans le sol… Il marchait à pas feutré, rapide, soigneux. Les pas se rapprochèrent de nous et je recule instinctivement tout en mettant ma main sur ma hanche où devait se trouver une dague… Dague aux abonnés absents… J’entends des murmures… J’arrive difficilement à entendre clairement leur conversation…

- … le tuer… conserver… Nehavi… maintenant…

Ces bouts de mots ne voulaient absolument rien dire ! La Haute Princesse ne répondit pas et le Naylio partit. Je tâtonne jusqu’à elle et la prend par le col de sa chemise délicate.

- Qu’est-ce que vous vous êtes dit ?! demandai-je avec fureur, n’aimant pas être mis à l’écart ainsi.
- Des choses qui vous dépassent.

Je la relâche. A quoi bon continuer à la questionner si elle répondait de façon si énigmatique ?! Je soupire. Elle m’énervait. J’avais envie de rompre notre pacte, mais quelque chose me dit qu’il ne voudrait pas, non pas que je tienne à la vie, mais une voix intérieur, une voix qui ne ressemble à aucune autre…

- Très bien… Et puis-je connaître votre nom ?
- Nalma. Et arrêtons de se vouvoyer.
- Très bien…

Nous nous taisons. Je la sens me regarder avec insistance, je n’essais plus d’ouvrir les yeux, cela m’était désormais impossible.

- Tu es toujours avec moi ?

Je réfléchis. Elle m’avait en quelque sorte « sauver » en m’enlevant mes yeux, mais j’aurai aimé être au courant plutôt que d’être pris dans un piège sans issu, ignorant et terrifiant…

- Oui. Mais ne me refais plus un truc pareil !
- Entendu, dit-elle en souriant, bien qu’il ne peut le voir. Tiens, un bandeau pour tes yeux. Ca fera moins… Momie…
- Momie ?! dis-je, surpris, tout en tendant la main dans le vide.

Je sentis un tissu doux et soyeux se poser délicatement. Je referme mes doigts dessus et le porte à mes yeux. Je l’attache avec difficulté, refusant toute aide.

- Peux-tu m’expliquer ce que… font tes Naylio ici ?!
- A vrai dire… Nous ne sommes que trois dans le monde entier, les autres étant tous été décimé par les détenteurs de Nehavi. Nous avons décidé de se rassembler et lorsque nous en avons besoin, nous collaborons ensemble pour trouver une solution. Le Naylio qui est venu est jaloux de toi car il est amoureux de moi et pense que nous sommes amants.
- Ridicule.
- Tout à fait. En bref, il pense que nous devrions te tuer. Le reste ne te concerne en rien.
- Vous vous êtes amusés avec ma vie à mes dépends, je pense avoir le droit de savoir.
Elle ne répondit pas. Ce fut le grand silence pendant un bon moment, et je me demandais si elle n’était pas partie…
- Nous devons conserver les Garyalis, pour le peu qu’ils sont désormais. Seulement…

Elle s’arrêta. Pourquoi ne reprend-t-elle pas son récit ? Etait-ce si horrible que cela ? Je suis prêt à tout entendre désormais. C’était tout ce que je pouvais faire aussi…

- Seulement, leur pouvoir s’épuise. Ils deviennent de moins en moins puissants et s’ils disparaissent c’est l’équilibre du monde qui basculera. Ils étaient le poids sur la balance qui permettait le maintiens d’un certains sens. S’ils meurent tous, les humains se croiront mettre de tout et s’entre-tueront. Guerres, maladies, morts, famines… Voilà ce qu’attend ce monde si nous ne faisons rien !

J’hoche la tête. Alors comme ça, tout à une fin… Même les plus puissants… Mes pensées dérivèrent vers le Maître du Jeu. Et si ses pouvoirs à lui étaient aussi en déclinaison ?! En sourire sadique se dessina sur mes lèvres. Il serait ainsi plus facile de le battre…

- Tes pensées sont très désordonnées, disparates et en un langage très étrange…
- Tu lis dans ma tête ?
- … Oui. Mais je n’y comprends absolument rien.
- Tu dis que mes pensées sont dans un autre langage ?
- On dirait… La langue originelle des Garyalis, oubliée depuis des décennies et très compliquée.

Je hausse un sourcil. Je n’avais pas l’impression de penser dans une autre langue pourtant ?! Tout ceci était très compliqué à mon gout… Trop de choses veulent entrer dans ma tête, des choses qui n’ont parfois aucun rapport les uns envers les autres, ils se mélangent, se modifient, se pénètrent… Pour finalement prendre une forme que je comprends. C’était plus des images qui se formaient dans ma tête, non des textes ! Quoique des fois… Mais, penser, ce n’était pas écrire un roman dans sa tête ! Je soupire. Tout ceci était définitivement très compliqué…

- Revenons-en aux Garyalis qui perdent leur pouvoir…
- Oui, donc… Disons que nous avons peut-être trouvé un moyen pour faire renaître le Nehavi en eux.
- Quel est-il ?
- Il nous faut… les détenteurs de Nehavi. Leur pouvoir permettrait de sauver les Garyalis.
- Aux dernières nouvelles, tu m’as non seulement tuer et détruit mon Nehavi, mais en plus, je serais le dernier !
- J’ai effectivement annihilé ton Nehavi. Et tu es effectivement seul. Mais ton Nehavi est toujours en toi. Je n’ai fais que le bloquer.
- Et comment comptes-tu t’y prendre pour le prendre et faire renaître les Garyalis ?

Elle ne répondit pas. Je l’entendis se lever et poser une main sur la mienne.

- Viens, il est temps de reprendre la route.

Je me laisse entrainer. Je me pris plusieurs meubles dans les jambes, j’ai failli tomber plusieurs fois, je traine des pieds et avance prudemment. Il me faudra du temps pour pouvoir assurer mon pas, mais Nalma endossa le rôle d’une canne et m’aida du mieux qu’elle put. Elle ne m’avait pas tout révélé sur ce qui allait se passer par la suite. Ils avaient besoin de mon Nehavi ?! Mais comment allaient-ils l’extraire ? Cela allait-il me tuer ? Que feront-ils de moi après que je ne leur serais plus d’aucune utilité ? Trop de questions, et aucunes réponses. Que c’était frustrant !
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MessageSujet: Re: Joakim Vilpury   Joakim Vilpury Icon_minitimeVen 18 Mai - 20:24

Chapitre 5 :

Une fin ?

Nous arrivons enfin dans la ville. J’entendais depuis un bon moment les bruits fracassants de pieds, de voix assourdissantes, d’odeurs nauséabondes. Je me doutais que perdre un sens reviendrait à renforcer les autres, mais je ne me doutais pas que cela serait ainsi… J’avais l’impression d’étouffer !

La Naylio était devant moi. Je le sens, j’entendais à peine son pas léger, discret et rapide. Moi, je portais une cape pour ne pas effrayer la population avec mes yeux bandés. Cela faisait un petit moment que je m’étais habitué à mon nouvel état : je pouvais marcher sans avoir à tenir la main de Nalma, sans me prendre d’objet dans les jambes qui entraineraient une chute grotesque et inutile. Honteuse, qui plus ait.

J’évite les gens avec des mouvements souples, coordonnées, je suivais les pas de mon guide. Elle savait à qui parlait pour se renseigner sur la ville, elle avait cette voix plaintive et douce qui « obligeait » les pauvres gens à la renseigner. Je sais qu’elle sourit beaucoup. Un faux sourire à tous ceux qui répondent à ces nombreuses questions. Elle les écoutait à peine, ça aussi j’en étais sûr. Il lui suffisait d’entrer dans leur tête pour tout savoir, mais pour cela, il fallait qu’elle se concentre, et généralement, elle avait besoin d’être immobile. Voilà son seul défaut, son point faible : pour utiliser ses pouvoirs, elle doit être immobile et se concentrer fortement. Moi, je n’avais pas ce problème. C’était plutôt le contraire même : mon Nehavi venait sans que je le lui ordonne et détruisait tout. Je soupire. Peut-être aurait-il mieux valut qu’il est la même faiblesse que Nalma, cela aurait été plus simple.

Elle réussit à nous avoir des chambres dans un hôtel luxueux, de marque, dont la qualité n’était pas à redire. Les lits douillets, les bains mousseux, parfumés et chauds, la nourriture exquise, le service impeccable, absolument rien à redire. D’après moi tout du moins. Moi qui n’avait jamais gouté à tous ses luxes, car la Haute Princesse, elle aussi enroulée dans une cape, se plaignait continuellement, soit des voisins, soit du paysage, soit du bruit. De tout presque. Elle trouvait la nourriture tantôt trop épicée, tantôt en manque de goût… C’est à croire qu’elle ne savait jamais ce qu’elle voulait ! Mais je savais qu’elle jouait un rôle, encore un.

Cela fait deux jours que nous sommes arrivés dans la ville. Je ne connaissais même pas son nom, mais je m’en fichais, car je l’aurais oublié, et elle ne m’aurait rien dit qui vaille mon attention. Nalma faisait tout pour obtenir des informations sur le casino. Le repéré, c’était facile, m’a-t-elle dit. Elle me la décrit comme très grand, rivalisant avec les Gratte-ciels, très colorés, avec beaucoup de bruit de jeux, de voix, des hommes en noir surveillés chaque porte, sérieux, impassible. Elle m’avait tout décrit en détail, compensant mon absence de vision. Maintenant, il fallait trouver des informations sur ce qu’il y avait à l’intérieur, pour se préparer à ce qui allait suivre, savoir combien y avait-il d’hommes en noir, et beaucoup d’autres informations qui peu paraître ridicule, même pour moi, mais qui semblait aider mon guide à préparer un plan.

Ce soir, au lieu d’aller dormir, je restais devant la fenêtre donnant sur une vue plongeante de la ville. La vitre était fermée, et pourtant j’entendais toute la cacophonie des voitures et des gens qui parlaient fort. C’était désespérant autant de bruit pour rien, même ma nuit. J’entendis un pas et je sus de suite que c’était Nalma.

- Que veux-tu ?
- Tu es devenu moins impressionnable depuis que tu as perdu l’usage de la vue.
- Je ne l’ai pas voulu.
- Je sais, mais c’était nécessaire.

Nous nous taisons. Elle avait raison, je le savais, mais la vérité était dure à accepter. Je m’étais fais manipulé, tué, sauvé, trahi pour finalement collaboré avec « l’ennemie ». Après tout, elle voulait tuer tous les détenteurs de Nehavi, elle était donc mon ennemie. Je soupire.

- Que veux-tu ?
- Demain.

Je ne répondis pas tout de suite. Alors ça y est, elle avait toutes les cartes en main pour passer à l’action. Il ne lui a pas fallut beaucoup de temps pour réunir toutes les informations nécessaires. Elle m’impressionnait. Jamais je n’aurais pu y arriver seul !

- Puis-je connaître notre plan.
- Mon plan.
- Je ne comprends pas.
- C’est pourtant simple, tu ne fais pas partie de mon plan.

Je n’eus pas le temps de me retourner pour m’enfuir qu’elle me donna un violent coup à la tête. Je ne l’avais même pas entendu arriver d’arrière moi ! Je n’avais même pas entendu l’objet fendre l’air en sifflant ! Elle était définitivement plus forte et douée que moi. Je m’écroule par terre, et je sens les ténèbres me tirer vers le bas, tout doucement. Les paroles de la Naylio parvinrent tout de même jusqu’à mes oreilles…

- Les yeux… Les rêves… Tu te fais manipuler depuis le début, Joakim…

Je murmure son nom. Pourquoi ? A quoi bon ? Elle m’a trahi ! Une deuxième fois ! Alors, pourquoi je murmure son nom ?! Peut-être car elle avait raison… Peut-être que c’est la seule façon pour elle de se débarrasser du Maître du Jeu… En me neutralisant d’abord… Trop compliqué… Arrêter de… Penser… Sombrer… Dans… Les ténèbres…

Tu as failli à ta tâche…

Non… Pourquoi ai-je peur ? Cette voix… C’est celle du Maître, je le sais mais… Elle est plus faible…

Vous allez tous payer, toi en premier…

Une intense douleur. Je sens mon corps se cambrer sous la pression. Je me retiens de crier. Mais qu’est-ce que ça fait mal !

Je vais d’abord la tuer…

Tant mieux… Elle le mérite. C’était lâche ce qu’elle m’avait fait, lâche et prétentieux. Même si j’étais manipulé, elle n’y arrivera pas toute seule !

Un piège, une surprise l’attend…

La voix est de plus en plus faible et saccadée, comme si le Garyalis, l’Oni avait du mal à me parler en rêve. C’était peut-être le cas. Le souvenir des paroles de Nalma me revinrent… Les Garyalis perdaient leur pouvoir, et avaient besoin des Nehavi pour survivre…

Vous regretterez ma colère !

Une douleur encore plus intense me fait me cambrer encore plus. J’entends les os qui craquent, je sens mes pieds frôler ma tête. J’ouvre la bouche et hurle. Il n’y avait aucun mot qui pouvait définir cette douleur… J’ai crus que j’allais me briser en deux comme ses contorsionnistes qui, faute d’un échauffement long, meurt dans leurs exercices. C’était un reportage que j’avais vu quand on était arrivé à l’hôtel… Mais il n’y avait plus de « on »…

Soudain, la douleur s’arrête. Subitement. J’arrête de hurler par la même occasion, et respire bruyamment, me redressant petit à petit. Pourquoi m’a-t-il laissé la vie sauve ? Etait-il aussi faible que je le pense ? Ou a-t-il une autre préoccupation plus importante encore ? Trop de questions, avec évidemment, aucunes réponses. Je réfléchis trop, j’essaie trop d’analyser. Couché à terre, je tâtonne en me relevant doucement. Je réussis tant bien que mal à me mettre debout et m’étire. Mes os craquent encore mais la douleur est moindre comparé à celle ressentit il y a à peine quelques instants. Comment savoir à quelle heure je suis ? En demandant, évidemment… Je tâtonne jusqu’à la porte, ayant perdu mon équilibre, et réussis à trouver la poignée. Je sors en trompe et me cogne contre le mur. J’ai l’impression d’être gauche, maladroit. J’entends des pas. Ils étaient encore loin… J’appelle à l’aide. Ridicule, je sais. Mais le résultat fut que les pas devinrent une course, et bientôt, je sentis des mains qui m’aidèrent à me tenir debout. On me demanda comment j’allais, si j’étais blessé. Je ne répondis pas tout de suite, essayant encore de retrouver mes esprits. Je me sens étrangement vide et seul dans ma tête, comme si le Maître du Jeu avait toujours été là et avait toujours eut une place sans que je ne m’en aperçoive. C’était frustrant. Très frustrant.

- Quelle heure est-il ? demandai-je d’une voix rauque.

Je m’étais détaché de mes « cannes » et ils semblèrent surpris par ma question, vu le silence qui s’installa juste après. Alors, quelqu’un se décida à me répondre. On était le matin, à 10h34 précisément. Je cours. Je cours dans le couloir, emprunte même l’escalier pour descendre plus rapidement. Enfin, non, je ne descends pas les marches, je glisse sur la rambarde. Ils devaient être très inquiet, les gens qui m’ont aidé. Il faut dire que je ne leur ai pas expliqué toute la situation ! Mais je n’avais pas le temps. Non pas que j’ai envie de sauver la Naylio, mais plutôt que je voulais le venger du Maître. C’était là la seule raison de mon empressement.

J’arrive devant l’hôtel. Des gens me bousculent, m’insultent, m’ordonnent de dégager le passage. Je les ignore. Je prends quelqu’un au passage par le bras et lui demande où se trouve le casino. La personne, une femme, tenta d’abord de se dégager avec insistance, mais je serais fermement son bras dans ma main, et je n’avais pas l’intention de la lâcher tant qu’elle ne m’aura pas donné mon information. Comprenant mes intentions, elle finit par céder et m’indiqua le chemin. Sans même la remercier, je cours dans la direction qu’elle me donna. Au moins, elle avait comprit que j’étais aveugle, car ces indications furent très précises… Jusqu’à ce que je me prenne un poteau. J’entends des rires pendant que je me relève en me frottant le front. Je les comprends. J’ai moi-même ris lorsqu’un de mes anciens camarades était tombé devant moi. Je ne l’avais même pas aidé. Maintenant que j’y pense, j’en ai honte…

Je compris bien vite que j’étais arrivé au casino… Le bruit, les gens, les voix… Tout concordait avec la description que m’avait donnée Nalma. Je cours vers les portes. Un garde me pousse, je le pousse ne retour. Je l’entends s’écrouler à terre. Avant que d’autres n’arrivent, je me faufile à l’intérieur et cours encore. Je savais qu’elle était la porte, je l’avais même donné à Nalma, juste avant qu’elle ne vienne interrompre mes pensées en me trahissant de nouveau. Le numéro de la porte m’étais venue comme ça, d’un coup. Maintenant je sais que c’était à cause du Maître du Jeu. C’était lui qui me montrait le chemin. Et j’avais toujours cette impression de vide… Comme s’il manquait quelque chose… C’était peut-être vrai après tout. Le Garyalis avait sûrement prit une partie de moi pour son combat, une partie de mon Nehavi pour renforcer les siens. Sans mon consentement, évidemment. Parfois, j’ai l’impression de n’être qu’un objet, l’objet de tout le monde, l’objet auquel on pouvait tout faire, sans avoir de représailles. Et bien, ils allaient être tous très surpris. Au fur et à mesure que je monte les étages, je retrouve ce que j’avais perdu : le Joakim implacable, qui effectuait ses missions avec honneur, et qui rentrait fier. J’arrive à l’avant-dernier étage. Pratique les ascenseurs ! Tellement plus rapide que la marche… Arrêter de penser, agir. Je cours dès que les portes s’ouvrent et m’engage dans les allées. Soudain, je la vois… La porte…

Je me dirige vers elle en sachant qu’il devrait y avoir un gardien. Quelqu’un qui m’empêcherait à tout prit de franchir cette porte, sauf si Nalma s’est déjà occupée de lui. Je suis devant la porte maintenant. Les gros chiffres 2114 inscrits en lettre gras, tout en or, brillant, lustré, hypnotique. Plus je regardais ces chiffres, et plus je me dis que cette quête est vaine. Je vais me faire tuer si j’entre. Et pour aboutir à quoi ? A sauver la Haute Princesse et détruire le Garyalis renégat voulant mener une grande guerre… Mais en quoi cela me concerne-t-il ? Je n’étais qu’un pion sur un échiquier. La Reine combat le Roi, ainsi sont les règles d’or du jeu. Je fais un pas en arrière. J’étais proche de partir lorsque je m’aperçus d’une chose… Je ne peux pas voir normalement ! Alors pourquoi ai-je l’impression de voir mon reflet dans des lettres dorées !? Serait-ce ça, le gardien ? Le moyen de nous faire reculer ? Créer une illusion pour nous dissuader ? Faire en sorte d’avoir des pensées contraires pour nous faire reculer ? Ah ! Il en faut plus pour me détourner de mon objectif.

Posant la main sur la poignée de la porte, l’illusion partir, s’évapora comme un mirage, et le noir envahit mes yeux. En un certain sens, cette illusion avait du charme ! Je secoue la tête quand je sens mes doigts se desserrer. Ce devait être encore une épreuve pour ne pas passer cette porte. Je pousse la poignée et entre…

C’était… Le désordre, il n’y avait aucun autre mot à dire. Je suis dans une des ailes des Couloirs de la Mort. Cela ne m’avait pas manqué. L’odeur de sang et de moisi, le bruit incessant de l’eau qui goutte… Au moins, ici, même avec mes yeux, je ne verrais pas grand-chose. Des bruits de combats… Très proches… Sur ma droite ! Je cours. Je connais les Couloirs comme ma poche, et même après tout ce qu’il s’est passé dans le monde extérieur, toutes mes vieilles habitudes revinrent. Je saute par-dessus les pièges, évite les flaques, slalome entre les piques rocheux… Je connais le chemin, je sais où se passe le combat… Dans la Grande Cour ! Soudain… Je trébuche sur quelque chose de mou et inerte. Tombant, je tâtonne et découvre un corps… Un enfant… 10 ans peut-être, cheveux longs, lisses, un visage rondelet, mais un corps mince… je le connais ! C’était… Non. On ne nomme pas le nom d’une personne morte. C’est la règle. Je me relève et je continue à courir. La mort de mon « ami » ne m’affecte pas plus que ça. Disons que ce n’était pas vraiment un ami pour moi, je ressentais juste moins de répugnance envers lui, et un soupçon de pitié. Nous avions commencé à nous parler, à nous connaître. Je me sentais bien avec lui, avoir quelqu’un à qui parler, à qui confier ses craintes, ses émotions, ses incompréhensions… J’eus un pincement au cœur. Il mérite plus que d’être étendu dans cet espace réduit empestant la mort et noir comme les ténèbres… Mais je ne pouvais pas me permettre de revenir en arrière et de le faire sortir d’ici. Il faut d’abord que j’aille prêter main-forte à la Naylio…

Je sus que j’étais arrivé dès que je sentis que j’avais plus d’espace autour de moi. Les Couloirs avaient commencé à s’agrandir, et l’air à rentrer plus facilement. Les bruits de combat aussi m’informèrent que j’étais bientôt à destination. Alors, quand je me stoppais nt à la limite entre les Couloirs et la Grande Cour, il n’y eut plus aucuns bruits…

- Joakim !

C’était Nalma. Elle avait crié mon nom, et je sus à son ton qu’il allait se passer quelque chose… Je me retourne et plonge sur le côté. J’avais entendu un bruit, léger, un bruissement de l’air… Le Maître du Jeu s’était tenu derrière moi, et avait failli me tuer si je n’avais pas bougé.

- Incapable ! Nous aurions put être les Maîtres de ce monde !
- Ce statut ne m’intéresse pas.

Réponse froide à une question haineuse. Je le sentis enrager de plus belle et attaquer. J’évite tous ses coups, mais je recule beaucoup trop. Bientôt, je me retrouverais sur le mur et il me tuerait sans problème. C’est là que mon Nehavi aurait été utile ! Maudite Naylio… Le mur froid toucha mon dos, ce qui eut le don de me faire frissonner. Je vais mourir, mais je ne m’inquiète pas plus que ça. Le coup ne vint pas, et pourtant, je l’attendis. C’était le grand silence, je n’entendais plus rien, sauf ma respiration saccadée, rauque…

- Joakim, bouge !

Je plonge sur le côté, et j’entendis un corps percuter le mur où je me tenais il y a quelques minutes. Je me sentais inutile dans ce combat ! Sans mes yeux, je n’arrivais à rien ! Si seulement j’avais mon Nehavi… C’est alors que les paroles de Nalma me revinrent à l’esprit… Elle a juste bloqué mon pouvoir, je l’ai encore en moi ! Il suffisait juste de savoir le faire sortir…

- Nalma ! Comment puis-je faire renaître mon Nehavi ?

Des frottements… Je plonge sur le côté, évite un coup, prend une dague et la lance devant moi. J’entends un bruit étouffé, un gémissement, et un tintement à terre. Je l’avais touché ! Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je sentis une main se poser sur mes yeux.

- Il te suffit de trouver la véritable raison de la présence de ton existence, murmura-t-elle à mon oreille.

La raison de mon existence ? J’allais la questionner une nouvelle fois lorsqu’elle se dégagea de moi pour reprendre le combat. Moi, je restais de bout, droit comme un i. J’entendais les combats autour de moi, je les sentais me frôler quelques fois, j’entendais encore la voix de Nalma me dire ce que je dois faire pour retrouver mon Nehavi… Complètement hors de la réalité, je n’entendis pas le coup arriver… Plié en deux, une épée dans le ventre, proche de mon cœur, je gémis. Vais-je finir ainsi ? Sans un combat ? Inutilement ? Non. J’ai vécu toutes ses années sous la coupe de ce Garyalis en espérant pouvoir sortir de la Hihana, en espérant pouvoir découvrir le monde et me venger du Maître. Toutes les révélations que j’ai du emmagasiner m’ont fait douter de moi-même, de ce que je suis, de ce que je dois être, de ce que je pourrais être, de mon avenir. Je suis condamné à mourir, je le sais maintenant. Les Garyalis ont besoin de mon Nehavi, et quand ils l’extrairont, cela me tuera, car le Nehavi est l’essence même de ma vie, de mon existence. Je vis grâce à lui, mais pour le monde, je dois le donner, je dois donner ma vie. Cela ne me concerne pas, mais je n’ai pas le choix. Tel à décider la Reine sur l’échiquier. Le pion se sacrifie pour le roi, quoiqu’il dise, quoiqu’il veuille, ainsi va la vie, ainsi va le cycle. Je sens mon corps se cambrer. Je sens que j’ouvre la bouche pour hurler. Je sens que tout autour de moi, le monde s’écroule. Le monde… se détruit. Je suis en train de détruire tout le réseau de la Hihana, placé sous terre, placé sous l’eau. Je détruis tout, ami ou ennemi, je laisse libre cours à mon Nehavi, je le laisse prendre la totalité de mon corps, de mes fibres jusqu’à mon esprit. Je le laisse s’enfuir, sortir de mon corps, car sa place n’est pas ici. Sa place n’a jamais été ici. Mon corps n’était qu’un réceptacle, et il y en aura d’autres. Dans ce cycle, il y aura toujours un Maître du Jeu, une Naylio, et un détenteur de Nehavi qui le laissera partir. Aujourd’hui, j’ai 20 ans. J’ai enfermé le Nehavi depuis trop longtemps en moi. Mon corps se déchiquète petit à petit, membre par membre. Mais je ne sens rien. Je laisse faire. Je vois aussi Je vois des fibres bleutées sortir de mon corps, brillant, lumineux dans la noirceur des environs. Je les vois partir dans chaque recoins de la Hihana, je les vois détruire tout, je les vois me détruire, je les vois partir vers le haut, vers le ciel peut-être, vers ce lieu secret où vivent les Garyalis, je les vois… Non. Je me vois partir vers eux et leur donner la force. Mais j’ai peur. Je ne veux pas mourir. Je retiens encore un peu mon Nehavi en moi. Je ne veux pas qu’il parte… Et pourtant… Je sens une main sur mon épaule. Une main douce, et tiède. Nalma…

- Il est temps de partir…

Cette voix si douce… M’envahit, me transperce… Je me détends… Il est temps de partir.
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